» Les temps forts de ta vie

Premier et unique fils de la famille, Liu Yuan naquit dans les alentours de Beijing en Chine, entouré par une mère et un père qui ne semblaient d'apparence n'avoir rien de spécial. Malgré cela, il y avait quelque chose, un secret, un non-dit, une ombre qui s'étendait dans sa toute nouvelle existence, énonciatrice d'un futur chaotique.
Il n'avait rien demandé, cet enfant. Mais quelques semaines après sa naissance, on lui arracha déjà sa mère. Le début d'une suite d'évènements sordides, tenus sous silence, chacun scellant ses lèvres pour ne pas laisser échapper le moindre son...
Pourtant, malgré ces secrets muets, ces choses dont on ne pouvait parler, Yuan sembla, du regard extérieur, avoir une enfance normale. Celle d'un garçon timide, bon à l'école, qui ne causait aucune vagues autour de lui. C'était les compliments, qui fleurissaient par-delà les bouches des parents admiratifs "Quel gentil garçon ! Et comme il est intelligent ! Lui, il fera de grandes choses !", et l'inquiétude d'un père, qui voyait dans ce petit être d'apparence parfait une jalousie d'autrui menant à la réalisation d'une quelconque malédiction.
Un père avide de contrôle, rendu paranoïaque par ses propres croyances, un membre d'une secte qui ne songeait qu'à formater son fils. Fils modelable, enfant innocent, qui l'écoutait comme un messie, ne traînait en réalité qu'avec d'autres enfants de la secte, coupé du reste du monde par les mots d'adultes malveillants.
On voyait un père célibataire élevant seul son enfant après la mort de sa femme, il s'agissait en vérité d'une marionnettiste, d'un bourreau masqué qui avait fait de son propre fils son objet. Il l'emmenait aux lieux de culte, lui faisait réciter en boucle les phrases du livre religieux, le frappant s'il ne répondait pas bien, prétendant qu'il avait tué sa propre mère. Qui savait, que derrière les portes fermées du foyer familiale, grandissait un pantin...

Dans ces mensonges, ces secrets se fanant dans les esprits, Yuan ne pu apprendre à s'aimer. Il ne se reconnaissait dans aucune image qu'on faisait de lui. Bien vite, il fut frustré par ses réussites, celles-ci devenant insuffisantes pour en être vraiment. Il voulait être toujours meilleur, toujours meilleur... Au moins pour que son père le reconnaisse autrement que comme un assassin et une créature à corriger.
Il s'endormait avec la ferme conviction qu'il était ce que les autres disaient qu'il était, qu'il était une créature démoniaque, écoutant derrière la porte le même récit, celui où son père disait qu'il avait apporté le malheur sur la famille. Quel malheur ? Comment ? Son âme était elle si vile qu'en voyant la lumière du jour elle avait voulu plonger dans les ténèbres les responsables de sa venue au monde ?

Adolescent, il fut enfermé pour faire cours à la maison, faisant chaque jour face à la même table et au regard sévère de son paternel, qui s'asseyait juste en face de lui pour le secouer au moindre décrochage.
Le doux âge de quatorze ans fut pour lui comme une agonie, quand son père commença à l'obliger à s'excuser auprès de sa mère devant tous les fidèles à leur lieu de culte. C'était comme si on lui arrachait à chaque fois une portion de son âme pour quelque chose qu'il n'avait au final pas fait, manipulé par les adultes qui avaient fait de lui l'être impur des lieux.
Il fallait toujours être meilleur, mais rien n'était jamais assez, et il étouffait dans cette existence maudite qui était la sienne.

Yuan n'avait pas le droit de sortir, simplement d'observer par la fenêtre les gens qui allaient et venaient devant leur maison, les mains collées aux carreaux. Il ne voyait que des gens de la secte, des garçons et des filles de son âge qui l'avaient entendu des milliers de fois déblatéré de longues excuses pour des crimes qu'il n'avait pas commis. Et il ne trouvait d'amis en aucun d'eux, persuadé d'être tout seul face au reste du monde, un monde qui semblait immense mais inaccessible.
Seul, il apprenait d'autres langues "pour le fun", tentant de s'ouvrir à un univers qu'il ne verrait peut-être jamais. Il rêvait de s'envoler, de s'échapper, de voir de ses yeux s'il était vraiment maudit, s'il pouvait avoir sa chance...

Il commença à fuguer quand son père s'absentait, à passer par la fenêtre la nuit pour se balader dans les rues, s'acclimatant au monde de la nuit et ses excentricités. C'est dans les secrets nocturnes qu'il se construisit, chat discret arpentant les rues, avide de savoir et de liberté, gouttant aux vices pour la première fois de sa vie.
Avide d'un amour qu'il n'avait jusque là jamais trouvé sous aucune forme, c'est ainsi qu'il construit celui que l'on appelle Li Qin, son "autre lui". Li Qin, c'était la vie qu'il avait inventé, sa vie la nuit, le pseudo qui faisait que son vrai nom ne viendrait pas aux oreilles de son père pour les mauvaises choses. Li Qin c'était le lui qui se perdait à danser avec des inconnus dans les rues, qui chapardait avec quelques voyous, couchait avec qui voulait bien de lui, jouait la comédie dans les bars pour occuper quelques ivrognes qui se complaisaient de ce spectacle amateur. Li Qin, c'était sa maigre liberté qu'il portait dans son coeur comme une médaille.

Il fut toutefois un jour où Li Qin abdiqua, faisant face à son propre géniteur au milieu de la rue déserte pour revenir chez lui. Les cloisons se fermèrent alors sur lui, et il crû ne jamais retrouver le dehors.
Li Qin avait fauté, pouvait il hurler, pas lui, mais au fond, c'était toujours Yuan le responsable. Il le savait, que ce n'était que de sa faute à lui. Il n'y avait aucun drapeau blanc pour le sortir de là, il savait déjà qu'il avait perdu cet affrontement, que rien ne pourrait plus le sauver.
Il n'avait plus qu'à tout avouer, ne pouvant se résoudre à mentir après avoir été pris la main dans le sac, et il révéla l'entière vérité....

Le fils impur crû que sa vie allait s'arrêter là, à l'orée de ses dix-huit ans, et il ne sut pas s'il était triste ou soulagé. Triste de n'avoir rien accompli, de n'avoir pas pu obtenir sa liberté, ou soulagé que l'enfer cesse. Soulagé à l'idée que cette fois, les coups et les blessures l'emmènent loin de cette prison...
Pourtant, il ne rendit pas l'âme cette nuit-là, laissé agonisant sur le parquet de sa chambre. Il trouva la force de se remettre, profitant de l'hésitation de son paternel à vraiment l'achever pour planifier son départ. Il devait s'en aller, il devait partir, sinon il allait mourir. Il en était convaincu.

C'est ainsi qu'il extorqua son ticket de départ pour ailleurs auprès d'un touriste thaïlandais avec qui il avait déjà passé plusieurs nuits. Sous promesse de le rembourser, il partit ainsi avec lui en Thaïlande, pour Bangkok, absolument rien en poche, sans plan pour la suite, avec seulement ses connaissances en siamois.
Son sauveur devint son petit-ami, amour frivole qui s'estompa sous la violence, des dettes qui s'accumulaient, et Yuan crû à nouveau recommencer le cycle. Il lui fallait s'échapper encore... encore...

» Le Bilan de ta vie jusqu'à maintenant

Yuan a plus ou moins commencé à "échapper" à son petit ami violent après deux ans ensembles pour se réfugier au Rising Sun. Il s'est fait employer illégalement par une boîte de pompes funèbres pour assister un vieux croque-mort qui n'a de toute évidence plus toute sa tête. Il doit encore rembourser son ancien petit-ami, qui passe souvent lui mettre la pression pour qu'il lui rende son argent. Il a également trouvé un petit travail d'Escort Boy pour récupérer plus d'argent, travail qu'il trouve plus amusant que pénible.

» Tes espoirs pour l'avenir

Son but premier est de finir de rembourser son ancien petit-ami pour se débarrasser complètement de lui et ses excès de violences. Il cherche également à se faire de vrais papiers d'identité, et à potentiellement trouver par la suite un travail légal. Il n'aspire pas à grand chose de plus, il aimerait être libre, enfin vivre sa vie, est-ce beaucoup demander..?