» Les temps forts de ta vie

1 - Je suis né ici même, à Bangkok, d'une mère incapable de s'occuper d'un gamin. Oh, elle a essayé, durant plusieurs années mais on ne peut pas dire que ça ait été une grande réussite. Elle était pas faite pour ce rôle, je n'ai aucun souvenirs d'elles à part que j'étais plus souvent livré à moi même qu'autre chose. Je ne me souviens même pas de son nom, sauf pour le nom de famille que j'ai gardé malgré tout. Qui elle était, ce qu'elle faisait, j'ai tout oublié. Ca peut sembler triste mais moi, ça ne me fait ni chaud ni froid, c'est juste une inconnue bien qu'elle m'ait mis au monde, je ne ressens que de l'indifférence pour elle.

2 - J'avais même pas sept ans quand elle a finalement abandonné son rôle de mère et moi avec. "Attends moi ici" qu'elle m'a dit, pour ne plus jamais revenir. J'ai attendu des heures avant de comprendre que ça ne servait à rien. J'ai erré plusieurs jours avant que quelqu'un ne contacte les services sociaux et m'envoi à l'orphelinat. Voilà où j'ai grandit, dans un orphelinat, avec d'autres gamins comme moi. Déjà trop grand pour qu'on veuille m'adopter mais encore trop jeune pour me débrouiller seul. Je faisais partie des gamins les plus âgés mais je n'étais pas forcément des plus sociables, enfin c'est ce qu'on disait de moi. Mais moi j'avais juste perdu la confiance envers les grandes personnes, j'étais déjà assez débrouillard à l'époque.

3 - Je pourrais dire que grandir à l'orphelinat a été horrible mais ce n'était pas entièrement le cas. C'est sûr, ça faisait mal de voir les autres enfants, plus jeunes, quitter l'orphelinat, adoptés par une gentille famille mais je me suis trouvé ma propre famille. Des gamins comme moi dont personne ne veut. J'étais l'un des plus âgés et j'ai commencé à prendre soin des plus jeunes. Tous les gamins n'étaient pas des anges mais si on s'en prenait à ceux que je considérais comme ma famille, ça bardait. On disait de moi que j'étais du genre froid et indifférent, mais c'est faux. Mais les plus rebelles des gamins cessaient tout de suite leurs conneries quand ils avaient à faire à moi.

4 - C'est ainsi que j'ai grandit, à voir de temps à autre mes protégés quitter l'orphelinat, triste et heureux à la fois. Moi, je l'ai jamais quitté, au fil des années, je me suis fait à l'idée, j'étais pas si mal lotis, ça aurait pu être pire après tout. J'allais à l'école comme les autres et j'étais assez bon élève sans être le premier de service non plus. Des rêves? Oh j'en avais pleins la tête, surtout gamin mais j'ai grandit. La vie c'est pas le monde des bisounours hein, j'ai laissé mes rêve de gosse derrière moi et je suis entré dans la vraie vie, le monde des adultes.

5 - A mes dix huit ans, j'ai pu quitter l'orphelinat, j'étais en âge de m'occuper de moi même après tout. Je pouvais tirer un trait sur les études, j'avais besoin d'argents pour vivre alors j'ai enchaîné les petits boulots, finissant barman. En quittant l'orphelinat, j'ai deux gamins qui m'ont presque supplié de ne pas les laisser seul, ils étaient comme ma famille ces deux là, comme beaucoup d'autre. J'ai réussi à ce qu'ils viennent vivre avec moi même si ça a pris du temps. Deux ans en fait, parce que je ne pouvais pas les faire venir vivre avec moi dans mon appart' miteux. Il a fallu que je mette de l'argent de côté, autant que possible. J'ai fini par bosser en tant que barman à l'âge de vingt ans, j'avais gagné assez pour prendre un meilleur appart, pas beaucoup plus grand que l'autre mais beaucoup moins miteux et ils sont venus vivre avec moi.

6 - Ca fait deux ans que je suis devenu le patron du bar, l'ancien a décidé d'aller voir ailleurs si l'herbe est plus verte et il m'a proposé de me laisser le bar, me connaissant assez pour savoir que j'ai les compétences pour savoir le gérer, même sans grandes études. J'ai accepté parce que j'avais pas envie de devoir retrouver un autre job et qu'ici, c'est très bien. C'est sûr que ce n'est pas un salaire de rêve mais il est largement suffisant pour vivre et subvenir aux besoin de mon frère et de ma soeur. Je voulais qu'eux au moins puissent suivre des études, qu'ils aient cette chance que je n'ai pas eu.

» Le Bilan de ta vie jusqu'à maintenant

Merdique, je n'irais pas jusqu'à utiliser ce mot. Ma vie jusqu'ici n'a pas été si mauvaise que ça, pas la meilleure du monde mais pas non plus horrible à ce point. Je n'ai pas pu réaliser mes rêves de gosse, je n'ai pas pu faire d'études mais au moins, je suis en vie, j'ai un job et un toit sur la tête, c'est le principal. J'ai été abandonné par ma mère mais j'ai trouvé une autre famille. De toute façon, qu'on se le dise, la vie n'est ni toute rose ni toute noir, c'est une nuance de diverses couleurs. Il y a eu des moments tristes, des moments heureux mais je n'irais pas me plaindre, je suis débrouillard, j'ai réussi à m'en sortir, c'est le principal. Quant à ma mère, j'ignore si elle est toujours en vie, j'ai tout oublié d'elle, y compris son visage. Je ne sais rien de mon père mais je m'en porte très bien. Ma vie n'est pas la meilleure mais elle me convient et c'est tout ce qui compte au final.

» Tes espoirs pour l'avenir

J'ai appris à ne plus rien attendre de l'avenir, si je veux quelque chose, c'est à moi de faire en sorte de l'avoir, c'est pas la vie qui va me le filer gratos. Rien n'est gratuit dans la vie. Ce que j'attends de l'avenir? D'être encore là! Je préfère me centrer sur le présent plutôt qu'être aveuglé par l'avenir. A quoi bon me soucier du futur si c'est pour ne pas profiter du moment présent? Tout ce que je veux pour l'avenir, c'est que mon frère et ma soeur réussissent leurs études et fassent le métier qu'il souhaite et non un job par défaut parce qu'ils avaient pas les moyens d'étudier pour le métier qu'ils veulent. Voilà tout ce que je souhaite de l'avenir mais encore une fois, ça va pas se faire tout seul, la vie c'est pas le monde des bisounours avec des poneys qui mange des arc-en-ciel et font des cacas papillons hein...